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Avec en arrière-plan la cruelle conquête de l’Algérie, puis de la dépossession des meilleures terres, de la dévalorisation de l’enseignement et de la culture arabes, corrélée avec une scolarisation en français de faible ampleur, la tradition historique coloniale française a fabriqué une Algérie conforme à ses mythes ; cela malgré la résistance, ostensible ou cachée, du peuple algérien : l’Algérie devint une pièce du roman national français sur fond de fantasmes d’ethnicisme racialiste.
Le système colonial eut la forme d’une sinusoïde entre militaire et politique - il y eut des politiques coloniales diverses. Ceci dit, les « occasions manquées » furent un mythe : une occasion ne peut être manquée que si elle est tentée.
Ceci dit, l’historien doit prendre en compte l’histoire du « temps long » (Braudel). Ce Maghrib al-awsa qui deviendrait l’Algérie a durablement oscillé entre la segmentation de la société et les tentatives d’emprises étatiques ; avec pour fond, notamment, des récurrences culturelles à ancrages méditerranéens.
La domination coloniale fut fondée sur la brutalité, mais non sans un entrelacement progressif avec les Français, quelque traumatique qu’il ait été. L’identité algérienne n’est pas à source unique, elle est, comme toute identité, une identification à paramètres divers. Elle est inséparable de la colonisation française, ce qui est bien moins le cas pour la Tunisie et surtout le Maroc.
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