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Bonjour! J'ai besoin d'aide pour une question sur trois poésies parlant du même sujet mais ayant une différence.

Voilà les différentes poésies:
texte original de Sappho:
Un rival des dieux, tel me semble l'homme
que je vois assis devant toi, de face,
lui qui peut t'entendre, si proche –
douce lorsque tu parles,

saisissante, lorsque tu ris – ce rire qui,
en moi, a bouleversé mon âme.
Car à peine je t'aperçois, je reste toute muette ;


et ma langue est comme brisée ; se glisse,
à travers mon corps, une fine flamme,
et mes yeux, aveugles, se vident,
mes oreilles bourdonnent,

la sueur ruisselle sur tous mes membres, un frisson me prend : plus livide encore qu'herbe jaunissante,
je crois sentir la mort qui s'approche.
Tout est supportable,[ pourtant],

si même pauvre...

version de Catulle:
Il me semble bien être l'égal d'un dieu,
Il me semble surpasser, si c'est possible, les dieux,
Celui qui, assis en permanence devant toi,
observe et écoute,

Doucement riante, ce qui moi, misérable,
M'arrache tous les sens : car à peine,
Lesbie*, je t'ai aperçue, que plus un son
Ne sort de ma bouche ,

Ma langue s'engourdit, dans mes membres fébriles
circule une flamme, de leur propre tumulte
Mes oreilles tintent, mes yeux jumeaux
Se voilent de nuit.

Version de Boileau:
Heureux ! Qui près de toi, pour toi seule soupire :
Qui jouit du plaisir de t'entendre parler !
Qui te voit quelquefois doucement lui sourire.
Les Dieux dans son bonheur peuvent-ils l'égaler ?

Je sens de veine en veine une subtile flame
Courir par tout mon corps si tost que je te vois ;
Et dans les doux transports où s'égare mon âme,
Je ne sçaurois trouver de langue, ni de voix.

Un nuage confus se répand sur ma vue,
Je n'entends plus ; je tombe en de douces langueurs,
Et, pâle, sans haleine, interdite, éperdue,
Un frisson me saisit, je tremble, je me meurs

Mais quand on n'a plus rien, il faut tout hasarder...

Et la question: Les poèmes traitent de la même chose (on appelle cela un « topos », nom grec qui désigne un lieu commun, une forme de « stéréotype » si vous voulez), mais quelle est la particularité de Catulle et de Boileau ? En quoi montrent-ils une forme d'originalité ?

Merci d'avance pour votre réponse ! :)


Répondre :

Réponse :

La première différence est que Sappho est une femme amoureuse d'une femme non nommée, alors que Catulle, un homme nomme son amoureuse, Lesbie. Boileau lui semble s'inspirer du poème de Sappho, car il est un homme, mais fait les accords au féminin ( interdite, éperdue) . Il ne part pas du réel, d'un amour vécu, mais d'un souvenir littéraire.

Dans les 3 poèmes, il y a la métaphore de la flamme de l'amour ( métaphore tellement connue qu'on ne la sent plus en français moderne) mais la 2nde image est propre à chaque poète : l'herbe jaunie pour Sappho, la nuit pour Catulle, un nuage pour Boileau. l'image la plus frappante me semble être celle de Sappho.

la comparaison avec les dieux se comprend chez sappho( époque polythéiste) , déjà moins chez Catulle, où les romains avaient une vision utilitaire de la religion, et est artificielle chez Boileau qui vit dans un pays à l'époque chrétien, donc monothéiste.

La plus grande originalité de Boileau est l'espèce de morale à la fin : quand on n'a plus rien, il faut tout hasarder( =tenter sa chance)

Chez Boileau le trouble est beaucoup plus abstrait : transports, vue, langueurs frissons. Sappho et catulle sont plus concrets : langue, yeux, sueur, frisson

En conclusion, l'original de Sappho est plus concret, plus en lien avec sa culture . Catulle imite sappho mais est vraiment amoureux; Boileau se contente d'imiter ses prédécesseurs, et ses références sont artificielles

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