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Rome, 1555 septembre à Olivier de Magny
Toi mon ami, tu sais les alarmes de mon coeur et le tourment des jours.j'étais parti joyeux vers Rome la sainte, j'ai rêvé de ruines ensoleillées, de paysages agrestes. Me voici déjà, pèlerin déçu, regrettant son pays, sa province, sa maison. Je maudis la prison dorée où je suis retenu. Les fastes me chagrinent et la pourpre me déplaît. J'écris pour d'autres et ma muse fatiguée aspire à la douceur du pays. j'écris pour calmer mon impatience, des poèmes lyriques où je mets ma tristesse et mes pensées intimes. Je regrouperai les sonnet dans un recueil que j'intitulerai Les regrets et, mon cher mai, je vais te le dédicacer.
J'espère pourvoir me libérer bientôt de cet exil fastueux et de la charge qui me retient ici pour deviser avec toi, toi qui sais me comprendre.
Joachim du Bellay
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