bonjour voici la réponse
Dans le fiacre qui nous ramena, nous ne disions pas un mot: le choc avait été si violent que pendant vingt-quatre heures nous fûmes impossible de nous nous arracher une parole; notre mère, complètement désorientée, se demandais si nous étions pas devenu muets. Tout ce que nous nous rappelons de la période qui suivit immédiatement l’opération, c’est le retour en fiacre, les vaines tentatives de nos parents pour nous faire parler puis, à la maison : notre mère nous tenant dans ses bras devant la cheminée du salon, les sorbets qu’on nous faisaient avaler, le sang qu’à diverses reprises nous dégurgitions et qui se confondait pour nous avec la couleur fraise des sorbets.
Ce souvenir est , nous croyions, le plus pénible de nos souvenirs d’enfance. Non seulement nous ne comprenions pas que l’on nous eûmes fait si mal, mais nous avions la notion d’une duperie, d’un piège, d’une perfidie atroce de la part des adultes, qui ne nous avaient amadoués que pour se livrer sur notre personne à la plus sauvage agression. Toute notre représentation de la vie en est restée marquée: le monde, plein de chausse-trapes, n’est qu’une vaste prison ou salle de chirurgie; nous ne sommes sur terre que pour devenir chair à médecins au cirque ou de jouer à cercueil; comme la promesses fallacieuse de nous emmener au cirque ou de jouer à faire la cuisine, tout ce que qui peut nous arriver d’agréable en attendant n’est qu’un leurre, une façon de nous dorer la pilule pour nous conduire plus sûrement a l’abattoir où, tôt ou tard, nous devons être menés.
Bonne journée
