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L'enterrement d'Emma Bovary dans le roman de Gustave Flaubert
Les femmes suivaient, couvertes de mantes noires à capuchon rabattu ; elles portaient à la main un gros cierge qui brûlait, et Charles se sentait défaillir à cette continuelle répétition de prières et de flambeaux, sous ces odeurs affadissantes de cire et de soutane. Une brise fraîche soufflait, les seigles et les colzas verdoyaient, des gouttelettes de rosée tremblaient au bord du chemin, sur les haies d’épine. Toutes sortes de bruits joyeux emplissaient l’horizon : le claquement d’une charrette roulant au loin dans les ornières, le cri d’un coq qui se répétait ou la galopade d’un poulain que l’on voyait s’enfuir sous les pommiers. Le ciel pur était tacheté de nuages roses ; des lumignons bleuâtres se rabattaient sur les chaumières couvertes d’iris ; Charles, en passant, reconnaissait les cours. Il se souvenait de matins comme celui-ci, où, après avoir visité quelque malade, il en sortait, et retournait vers elle.
Le drap noir, semé de larmes blanches, se levait de temps à autre en découvrant la bière. Les porteurs fatigués se ralentissaient, et elle avançait par saccades continues, comme une chaloupe qui tangue à chaque flot. On arriva.
Les hommes continuèrent jusqu’en bas, à une place dans le gazon où la fosse était creusée.
On se rangea tout autour ; et tandis que le prêtre parlait, la terre rouge, rejetée sur les bords, coulait par coins, sans bruit, continuellement. Puis, quand les quatre cordes furent disposées, on poussa la bière dessus. Il la regarda descendre. Elle descendait toujours.
Madame Bovary (1857), Gustave Flaubert
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