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Pendant les vacances d'été, nous prîmes le train en direction de Rabat. nous étions très contents de nous retrouver entre amis dans un compartiment spacieux.Tout à coup un grand homme entra, sa stature imposante nous fit tourner la tête et nous fûmes surpris par sa tenue : une djellaba blanche bordée de liserés or, sur la tête le fameux chapeau Fez. Il s'immobilisa dans l'allée, attendit et se mit à déclamer :
"" me voilà ici,
présent là
velu de nuit
hérissé de guêpes
avec cette fragrance de muscles
comme une ossature de chameau
prêt à bondir sur la route
en un jappement
regardez donc si mes seins
ne bourgeonnent de maléfices
mais qu'on me laisse quelques veinules
seulement quelques nerfs
rien qu'un doigt
et je retracerai sur mon parchemin
une nouvelle cosmogonie
dans l'harmonie totale de ses éléments
entendez donc le choc des idiomes
dans ma bouche
la soif des naissances
entendez le clapotis des sueurs
sous mes aisselles
la course des biceps
poussée de ma faune intérieure
bonds de cavernes
plume ensanglantée
ma tête sur chaque muraille
la chevauchée de mon souffle éjectant des planètes dans ses éruptions
me voilà .. "
Nous étions pantois, nous n'avions plus envie de rire. Il continua d'avancer dans l'allée et quitta notre wagon. Quand le contrôleur passa, nous exprimèrent notre étonnement et nos interrogations. il répondit simplement avec un sourire : "Vous n'avez pas reconnu le poète A. Laâbi ?
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