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L'Ingénu conte philosophique de Voltaire paru en 1767, a pour héros un jeune Huron fort innocent
qui arrive du Canada et débarque en Bretagne. Il découvre de proches parents, Les Kerkabon, qui
l'accueillent avec joie et entreprennent de le convertir. Il s'agit du début de conte, l'abbé de Kerkabon invite
le jeune homme chez lui et le présente aux personnalités du canton, l'abbé de Saint-Yves et sa soeur, le
balli (officier de justice) et le receveur des impôts.
« Je m'aperçois, monsieur l'Ingénu, dit le grave bailli, que vous parlez mieux français qu'il n'appartient à
un Huron.- Un Français, dit-il, que nous avions pris dans ma grande jeunesse en Huronie, et pour qui je
conçus beaucoup d'amitié, m'enseigna sa langue ; j'apprends très vite ce que je veux apprendre. J'ai
trouvé en arrivant à Plymouth un de vos Français réfugiés que vous appelez huguenots, je ne sais
pourquoi; il m'a fait faire quelques progrès dans la connaissance de votre langue; et dès que j'ai pu
m'exprimer intelligiblement, je suis venu voir votre pays, parce que j'aime assez les Français quand ils ne
font pas trop de questions,
L'abbé de Saint-Yves, malgré ce petit avertissement, lui demanda laquelle des trois langues lui
plaisait davantage, la huronne, l'anglaise, ou la française. « La huronne, sans contredit, répondit l'Ingénu.
- Est-il possible ? s'écria mademoiselle de Kerkabon ; j'avais toujours cru que le français était la plus belle
de toutes les langues après le bas-breton. >>
Alors ce fut à qui demanderait à l'ingénu comment on disait en huron du tabac, et il
répondait taya : comment on disait manger, et il répondait essenten. Mademoiselle de Kerkabon voulut
absolument savoir comment on disait faire l'amour; il lui répondit trovander, et soutint, non sans
apparence de raison, que ces mots-là valaient bien les mots français et anglais qui leur correspondaient.
Trovander parut très joli à tous les convives.
Monsieur le prieur, qui avait dans sa bibliothèque la grammaire huronne dont le révérend P. Sagar
Théodat, récollet, fameux missionnaire, lui avait fait présent, sortit de table un moment pour l'aller
consulter. Il revint tout haletant de tendresse et de joie; il reconnut l'Ingénu pour un vrai Huron. On
disputa un peu sur la multiplicité des langues, et on convint que, sans l'aventure de la tour de Babel, toute
la terre aurait parlé français.
Question d'interprétation littéraire : De quoi Voltaire fait-il la satire ?