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Bonjour j'ai une rédaction à faire et je recherche des arguments oui et non par rapport à cette question :
La maison est-elle à l'image de nos rêves et espoirs les plus intimes ?

Merci d'avance.


Répondre :

Freud a repersonnalisé le rêve, il faut maintenant le resocialiser » écrivait déjà l’anthropologue Roger Bastide. De fait, le projet d’une histoire sociale des rêves n’est pas neuf même s’il est resté en chantier. Dans de nombreuses sociétés traditionnelles, le rêve a une fonction éminente de connaissance de soi dans la relation au monde des ancêtres, mais aussi d’anticipation et de prédiction de l’avenir. Aux Etats-Unis, des chercheurs en psychologie constituent depuis des années des « banques de rêves » en collectant des récits provenant d’une même personne, ou de groupes comme des classes d’élèves, sur plusieurs années. Les traitements statistiques mettant en relation les personnes, les émotions ou les situations oniriques avec des caractéristiques sociales comme le sexe, l’âge, le moment ou le milieu social, ont établi des liens entre nos rêves et nos préoccupations quotidiennes. On peut rappeler l’enquête de Jacques Le Goff sur les rêves dans la culture et la psychologie collective de l’Occident médiéval, l’ouvrage de Gisèle Besson et Jean-Claude Schmitt publié en 2017 chez Anacharsis sous le titre Rêver de soi. Les songes autobiographiques au Moyen Âge, ou encore l’étonnante initiative de Charlotte Beradt, qui avait entrepris de collecter des rêves en Allemagne à partir de 1933. Dans un ouvrage publié chez Payot, Rêver sous le IIIe Reich, elle montre la perméabilité de la vie onirique à la contrainte pesant dans une société qui vise l’abolition des limites entre sphères publique et privée. L’obsession de la surveillance se traduit notamment par la menace exercée par des objets familiers – poêle, lampe à abat-jour, radiateur ou poste de radio – qui enregistrent non seulement les paroles mais les pensées des rêveurs. Caractéristique y est également le rêve dans lequel le sujet s’aperçoit que les murs de son appartement et des appartements voisins ont disparu, symbole de l’effacement des frontières de la vie privée en régime totalitaire. Le sommeil lui-même n’est plus une expérience intime car le rêve répercute et amplifie les émotions subies tout au long de la journée : haut-parleurs, banderoles, images percutantes, prolifération des uniformes.